L’effet post Covid-19 sur le télétravail en France

La France serait-elle enfin sortie de la crise sanitaire du covid-19 ? Cette pandémie, qui a mis le monde à l’arrêt pendant de longues semaines, aura des conséquences graves sur l’économie. Le confinement a occasionné des réorganisations drastiques dans le monde du travail, et laisserait entrevoir une nouvelle approche : le télétravail. Que représente t-il aujourd’hui, et aura t-il toujours sa place dans l’entreprise de l’après crise ? Faisons le point sur le télétravail tel qu’il était avant, tel qu’il fût pendant la crise, et comment il pourra se projeter demain. Nous verrons également les avantages et les inconvénients du travail à domicile, et les potentiels impacts sur la santé des employés. 


Le télétravail du pré-confinement


On ne connaît pas les chiffres exacts du télétravail en France, mais il semblerait, selon certaines études, que la France soit relativement en retard par rapport à ses voisins européens. Problème culturel ou retard des réseaux internet ? Quoi qu’il en soit ce constat est en pleine mutation. En 2019, il y aurait eu, dans le secteur privé, quelques 18 millions de salariés travaillant de manière récurrente en télétravail. D’après l’étude de février 2019, publiée par Malakoff Médéric-Humanis, les télétravailleurs représenteraient 29 % de l'effectif des entreprises comptant plus de dix salariés, et ce chiffre aurait progressé de 700 000 travailleurs sur une année. Globalement, les télétravailleurs représenteraient environ 17 % de la population active. D’une manière générale, les startups génèrent de l’emploi en télétravail, faisant ainsi l’économie drastique du coût que représente la location des bureaux. Dans les grandes villes, cafés wifi, espaces de co-working et télécentres poussent comme des champignons. Ces nouvelles structures engendrent le développement de plus en plus significatif du télétravail. Et ce constat s’est bien sûr développé à l’arrivée de la crise du Covid-19.


Le télétravail du confinement


Le télétravail lors du confinement a été, pour les professions qui le permettent, imposé par le gouvernement et les entreprises. Contrainte ou aubaine ? La balance penche des deux côtés. Selon de nombreuses études lancées sur le sujet, le télétravail aurait été subi pour certains, et même très mal vécu pour d’autres. Les parents et surtout ceux des familles mono-parentales, ont été contraints de gérer non seulement leur travail, mais aussi la gestion des études des enfants, et également le maintien des bambins à la maison. En plus de l’isolement et du manque de liens sociaux et d’activités physiques, leur qualité de vie a été fortement mise en berne. Cela a occasionné pour eux beaucoup de fatigue et de stress. Nous étions alors à des années lumière du banal télétravail tel qu’il était conçu avant la crise. Mais selon les enquêtes, globalement les travailleurs seraient favorables à continuer. Selon les sondages, pas loin de 80 % de franciliens souhaitent adopter cette méthode de travail. Ce qui est compréhensible, au vu du temps qu’ils passent dans les transports chaque jour. Mais ce n’est pas la seule raison, la qualité de vie prime également sur ce choix. Mais alors, quels seraient les potentiels effets durables de la crise du coronavirus sur le travail de demain ? 


Le télétravail du post-confinement


La crise du Covid-19 va t-elle bouleverser la façon de travailler des entreprises et des français ? Non, le télétravail n’a pas pris fin le 11 mai, après l’annonce du déconfinement. De nombreux télétravailleurs continuent à travailler depuis leur domicile. La plupart d’entre eux ont d'ores et déjà pris de nouvelles habitudes de travail, se sont automatisés et réorganisés. Ces nouvelles pratiques, plus efficaces, seront difficiles à changer. Dans tous les cas, les entreprises devront prendre en compte ces nouvelles méthodes dans leur réorganisation. Déjà de nombreuses entreprises font confiance à leurs collaborateurs de manière régulière, de façon informelle, et sans encadrement particulier. Le cliché du télétravailleur devant sa piscine en caleçon de bain avec son ordinateur est depuis longtemps obsolète. Le problème culturel du management est en pleine mutation. Une nouvelle image, bien plus prometteuse que ce dégradant cliché, souffle sur le travailleur à domicile de l’ère 2020. Flexibilité, confiance, productivité, gain de temps, économies… Les critères sont nombreux et considérés comme des atouts par les entreprises. D’autre part, une loi encadre aujourd’hui le télétravail, notamment dans le secteur privé comme cela a été le cas en 2012 pour le secteur public. Quoi qu’il en soit, d’après une étude de l’Anact - L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, environ la moitié des télétravailleurs du confinement disent avoir été plus fatigués qu’en période de travail normale. Toutefois, la presque quasi totalité se dit prêt à continuer sur cette méthode de travail. Alors, se dirige t-on vers une généralisation du télétravail ? Le télétravail serait-il une bénédiction ou un piège ? Un point sur les avantages et les inconvénients.


Quels sont les avantages et les inconvénients du télétravail ?


Pour les entreprises il leur est indispensable de jouer le jeu de la souplesse et de la confiance. Bon nombre d’entre elles, des grands groupes aux startups, en ont déjà fait l’expérience et ont prouvé que cela fonctionne. Pour les startups, l’économie de locaux est un des points cruciaux pour assurer la pérennité de leur trésorerie. Pour d’autres, c’est aussi l’économie d’espace qui prime, mais surtout une meilleure productivité basée sur la confiance et la fidélisation des employés. Le seul inconvénient de ce mode de fonctionnement est certainement le manque de visibilité et de contrôle sur les télétravailleurs. Il faut alors se baser sur l’atteinte d’objectifs pour chaque employé. 


Pour les salariés, surtout dans les grandes villes, le gros avantage est le temps économisé dans les transports. Pour eux, équilibre de vie, autonomie, flexibilité sont autant d’atouts mis en avant. Mais il existe des limites et les dérives du télétravail sont malheureusement fréquentes. Trop souvent, le temps imparti au travail rogne largement sur la vie privée, et l’employé travaille bien plus des 35 heures réglementaires. Les demandes de la hiérarchie sont plus nombreuses et plus fréquentes, les journées de travail se rallongent. Outre le temps de travail, les liens sociaux sont mis en berne ou devenus trop virtuels (mails, SMS, téléphone, visioconférence, etc.), et la santé mentale du travailleur peut être impactée. D’où la nécessité de bien cadrer son travail, en lien avec la hiérarchie.


Les travailleurs du futur seraient-ils sur le chemin du nomadisme ?

Article rédigé par Marie-Laure, publié le 05/06/2020